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Tout au long de ma vie charriée....
Tout au long de ma vie charriée par la vertu, de cesse je n'ai eu de sonder les âmes
Rien ne me laissait présager alors un franc musée des horreurs et ses pigments de larmes
Ni même les paroles alertées de l'ermite Ajanius qui cesse de parler depuis le sac de Bagdad
Quelques cent mille morts mise en bouche urbaine et cent mille de plus pour nettoyer les rues
La vertu, celle dont on se gausse au premier rangs des temples, celle des tout puissants
Le second occupé par des sbires comme moi et par les assassins des juifs de Katowice
Le troisième par les doctrinaires en droit et trois bouchers païens invités à la hate
Imprégné de la luxure des temps j'ai compté, servile, à un à un les massacres
Les taux de remplissage, les listes et les nombres, le poids de l'or volé
Ajanius s'est rendu à son phare de silence en se jetant au puits
Lâche j'ai survécu avec mes gages de fidélité et mes hontes nocturnes privées de luminaires
J'aurais voulu être ce docte d'humanité mais la compromission, les avoirs, le pouvoir misérable
Tout au long de ma vie scarifiée par le cri des suppliciés, je me bannis ce soir maudit comme un tueur.
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