• Nuit, encore...

    Satie au piano dort, épuisé par sa veille liquide, il voudrait être aimé...
    la nuit rompt les couleurs de la chambre
    le papier si blanc transpire sous l'oeil de l'écrivain vain
    il se cherche une voie, un rail à travers le désert,
    un vecteur d'âme assez puissant pour le porter sur le ciel réfléchi et là,
    au fond de son coeur où se sont écris, avec le temps se décomposant, les pressentis et les illuminations délirées qui oeuvrent autour d'un monde en sénescence prémature parce qu'il le sait, mourir est un état de l'âme avant de l'être du corps admis
    présentation de la nuit,
    je sais d'elle les douves assombries par l'alcool
    je sais les désirs d'encre étalés dans la paume d'une main dégauchie par la carresse,
    je sais qu'elle me regarde là, à l'instant où je t'écris, et qu'elle me voit comme un épistolier transis par la mémoire de cave qui me ceint,
    je sais qu'elle est de l'amour la femme accomplie,
    je sais que je suis en route pour nulle part et, sans la blesser, je balaie d'un regard l'horizon qui m'appelle,
    arrachement du geste répété
    liquidation des oeuvres picturales
    le piano se déchire, je dois mourir encore un peu avant le petit jour si bleu
    je clos le papier, le soleil se lève sur l'ile
    dormir est une catharsis.

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